Le curage et l'entretien des fossés étaient urgents. Jean de Monnoyer n'était pas homme à tergiverser. Les travaux commencèrent donc fin juillet.
- Monsieur, prévint Ravineau, y vous faut v'nir voir, on a tapé dans quequ'chose d'original.
Original, oui, c'était original.
Un poilu de 14 empêtré dans son barda émergeait à mi-torse de la terre humide.
L'idée s'imposa à lui avec un naturel qui le surprit.
Il allait échanger un maréchal de France déchu contre un caporal perdu.
En 1973, une poignée de fidèles du Maréchal Pétain subtilise son cercueil à l'île d'Yeu pour le transférer à Douaumont. Hervé Fardas en fait le point de départ de son roman qui nous entraîne avec énormément d'humour dans cette folle équipée dont tous les membres sont aussi attachants les uns que les autres.
Un roman passionnant .----. Dans ce roman passionnant, l’auteur raconte une opération "commando" se déroulant en 1973, sous la présidence de Pompidou : il s’agit de subtiliser le corps du Maréchal Pétain à l’île d’Yeu pour lui faire – enfin – rejoindre ses poilus à Douaumont.
L’intrigue est rondement menée, et pourrait s’avérer plausible, tant l’auteur détaille avec une grande minutie la préparation et le déroulement de cette opération. Il se plaît de plus à distiller au gré de son livre des remarques incisives sur la société moderne et son évolution, à laquelle ses personnages principaux semblent un poil résistants. Ses "victimes" favorites : la société de consommation et de loisirs, la "malbouffe", les curés en jeans et guitare, les hommes politiques…
Chaque page de ce livre contient son lot de phrases merveilleusement ciselées, pleines d’humour, qui tiennent le lecteur en haleine du début à la fin et l’amusent autant que le scénario le captive.
Et si c’était vraiment mieux avant ? (…) Et si aller lentement à cheval valait mieux que de foncer sur les autoroutes et si le granit valait mieux que le béton et si Dante valait mieux que Duras et si la coutume valait mieux que l’article 12 paragraphe 5 alinéa 13 et si le piano valait mieux que la guitare électrique et si être domestique valait mieux qu’être chômeur et si le voussoiement valait mieux que le tutoiement et si le munster valait mieux que La vache qui rit et si Monseigneur valait mieux que père évêque et si le mariage valait mieux que l’union libre et si Magenta valait mieux que Duchamp et si La Fontaine valait mieux que Spirou et si le lin valait mieux que le nylon et si la vendange à la main valait mieux que la machine et si le trébuchet valait mieux que la bombe à neutrons et si la laine valait mieux que l’amiante et si Charles-Quint valait mieux que Staline (…) et si l’or valait mieux que l’action et si Boulle valait mieux qu’Ikéa et si le village valait mieux que la banlieue et si le soulier valait mieux que la basket et si la cheminée valait mieux que la télévision et si l’on arrêtait de croire naïvement que le progrès c’est le progrès ?
L’auteur nous livre également de belles leçons de catéchisme, notamment lorsque le prêtre membre du "commando" célèbre la messe, traditionnelle évidemment ! De la description des ornements liturgiques aux préparatifs de l’autel, du confiteor à l’ite missa est, Hervé Fardas nous explique la beauté et la profondeur des gestes et des paroles du prêtre renouvelant le saint sacrifice du Calvaire, égratignant au passage le Novus ordo missae : « On se demande encore ce qui a bien pu passer par la tête des liturgistes chargés de bricoler le missel de Paul VI ! »
AFS N° 264 Août 2019 afs.viabloga.com/accueil.shtml/
AFS - 06/09/2019
- ISBN : 9782856523230
- Titre : Ballade buissonnière pour un maréchal défunt - Roman
- Auteur : FARDAS (Hervé)
- Editeur : DMM (DOMINIQUE MARTIN MORIN EDITIONS)
- Nb Pages : 200
- Présentation : Broché
- Epaisseur : 16
- Largeur : 150
- Hauteur : 225
- Poids : 0.30Kg