VANNINI Un livre magnifique. Bouleversant.
Dominique - 09/03/2015
Par le directeur de l’ONG « Les enfants du Mékong » .----. Comment peut-on survivre à un cataclysme, un génocide ou un camp de concentration ? A cette question qui nous taraude face à un rescapé, s’ajoute une deuxième : comment peut-on continuer à vivre après des événements horribles et bouleversants ? La réponse est sans doute contenue dans le mot amour, mais comme ce petit mot est difficile à mettre en œuvre auprès de personnes très blessés…
Hoà est une petite vietnamienne arrivée sans famille dans un camp de réfugiés en Thaïlande, dans les années 80. Là elle rencontre le narrateur, jeune étudiant parisien qu’elle choisit comme père adoptif… Le cœur de cette histoire est l’évolution de cette petite fille, qui doit surmonter de terribles traumatismes, vers l’âge adulte, et le mûrissement parallèle de celui qui en a pris la responsabilité.
Beaucoup de portraits et d’anecdotes rendent ce livre très vivant. On y croise un extraordinaire missionnaire jésuite, des officiers français du service des Renseignements hauts en couleurs, des fonctionnaires communistes vietnamiens partagés entre leur foi politique et leurs désillusions. Le lecteur passe d’un milieu parisien brillant et finement croqué au calme de la vie campagnarde qui contraste tant, à son tour, avec cette Asie grouillante et souffrante des camps et des pays écrasés par un totalitarisme implacable.
La figure de l’enfant donne une grâce à une réalité terrible. Elle permet d’aborder l’âme asiatique si étrange pour nous. Elle est surtout porteuse d’une espérance immense ! Nourri de faits véridiques vécus ou recueillis par l’auteur, directeur de l’ONG « Les enfants du Mékong », ce roman enrichissant, émouvant et parfois malicieux peut être lu à partir de 15 ans.
[ Notice du site " 1.2.3.loisirs " que nous conseillons pour vos recherches de livres pour les plus jeunes ]
1.2.3. loisirs. - 30/04/2021
Une très bonne lecture .----. Lecture d’été d’un livre paru il y a quelques années mais qu’il faut signaler en raison de sa qualité d’écriture, du thème qui en fait la trame et des biens qu’il met en avant. Ce roman est avant tout témoignage, puisqu’il s’appuie sur des faits réels.
L’auteur précise :
Il s'est trouvé qu'à la fin des années [19]80, dans un camp de réfugiés situé en Thaïlande, j'ai rencontré un de mes cousins lointains par le sang mais très proche par l'affection, avec lequel je partageais de merveilleux souvenirs d'enfance et plus tard les mêmes passions : pour le sport, la chasse, pour la religion, l'Asie ! Ce que Jean a vécu en Asie du sud-est est extraordinaire. Je l'ai deviné d'abord à travers quelques confidences. Mis en appétit par ce qu'il m'avait raconté, je l'ai supplié de me permettre de lire ses notes car je savais qu'il avait l'habitude, depuis son adolescence, de noter ses activités et les faits saillants de sa vie. Cela n'a pas été sans mal, car il a depuis toujours ce qui fait le charme si prenant de l'âme asiatique : une pudeur délicate que nous aimons tant l'un et l'autre.
Yves Meaudre, engagé de longue date dans l’association Enfants du Mékong, connaît bien cette Asie confrontée aux conséquences du totalitarisme communiste. À partir de faits réels, il livre à ses lecteurs les portraits saisissants d’un fougueux missionnaire jésuite, dévoué à un camp de réfugiés. Sa foi le conduit à affronter, sans crainte et avec force, des fonctionnaires communistes perdus entre illusions et déceptions … mais aussi l’enseignement catéchétique fantaisiste pour ne pas dire hérétique d’une religieuse missionnaire en mal de créativité, Vatican II ayant déjà favorisé des (re)conversions !
Mais l’essentiel, qui ne se peut résumer, est l’histoire vraie de la petite fille orpheline qui se choisit un père adoptif en la personne du narrateur, un jeune homme, ne connaissant jusque-là que les facilités de l’existence. Dans les calamités morales, matérielles et spirituelles qui font son quotidien, elle est rayon d’espérance ; une relation, toute faite de réserve et de discrétion s’établit peu à peu entre l’innocence et la maturité de l’enfant, tôt confrontée aux horreurs du système totalitaire et le jeune Français qui découvre un monde qui lui permet de révéler pleinement générosité, don de soi, respect… qualités peut- être enfouies jusque-là dans le confort des conditions de vie aisées.
Ce roman-témoignage, ou plutôt ce témoignage romancé, ne donne pas dans la sensiblerie, même si l’histoire, rappelons-le, réelle, pourrait y prêter. Il met en avant sans y paraître ce qui fait la beauté, la bonté et la vérité de la civilisation chrétienne et permet de comprendre l’intérêt et l’attachement réciproques qu’éprouvaient l’une pour l’autre, les deux civilisations indochinoise et française. Cela se passait à l’époque du communisme triomphant, à l’heure même où des journaux, tels le Nouvel Observateur évoquait « la libération de Phnom Penh par les Khmers rouges », après avoir tout fait depuis la fin de la seconde guerre mondiale pour soutenir l’asservissement de l’Asie du sud-est et justifier les centaines de milliers de morts.
Ce peut être une très bonne lecture pour des adolescents, auxquels il est indispensable d’expliquer ce qui précède, pour que cette lecture passionnante leur soit profitable.
AFS n° 283 octobre 2022 - 18/10/2022